« Du colza érucique pour l’oléochimie » « Du colza érucique pour l’oléochimie »
Pour Stéphane Prévost, dans l’Eure, les variétés de colza destinées à l’industrie chimique offrent aujourd’hui de meilleurs potentiels que les double zéro.
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«Depuis 2013, non seulement les nouvelles variétés de colza érucique ont rattrapé leur retard, mais, à mon sens, elles ont même dépassé le potentiel des variétés double zéro », constate Stéphane Prévost, agriculteur dans l’Eure, à Ferrières-Haut-Clocher, sur des terres de limons profonds ou superficiels et d’argiles à silex. L’agriculteur y produit chaque année une quarantaine d’hectares de ce colza à forte teneur en acide érucique et destiné à l’industrie chimique.
Du chemin a été réalisé depuis les débuts de la filière Pollen en 1993. Né au lendemain de la réforme de la Pac de 1992, avec la possibilité de cultiver des jachères industrielles, ce groupement d’intérêt économique (GIE) qui rayonne aujourd’hui entre la Haute-Normandie et la région Centre, a commencé à proposer aux agriculteurs des variétés de colza de printemps. « Il n’était pas dans ma philosophie de laisser des terres incultes. Et les variétés de printemps devaient nous assurer une bonne maîtrise du salissement, dans une rotation qui intégrait encore à l’époque des betteraves sucrières et fourragères. Je me suis donc lancé dès le départ dans l’aventure, retrace Stéphane. Au cours des trois premières campagnes, mes rendements ont oscillé entre 15 q/ha et 19 q/ha. Puis, sont arrivées les premières variétés d’hiver, qui nous ont permis de dépasser 30 q/ha. ».
Choix des variétés
Les rendements ont ensuite progressé d’année en année et le GIE Pollen est devenu partie prenante de la sélection variétale. Un véritable cap a été franchi avec l’arrivée des variétés Renard et Rossin i, au milieu des années 2000. « Les problèmes de sensibilité aux maladies, qui nécessitaient souvent trois passages de fongicides, dont un sur phoma dès l’automne, ont été résolus et mes rendements dépassent depuis, en moyenne, 40 q/ha », affirme Stéphane Prévost. Ces deux variétés précoces sont bien adaptées aux petites terres, avec un décalage de cycle qui les expose moins aux périodes de stress hydrique. « C’était pratique, nous moissonnions les colzas début juillet, et il ne restait plus que les blés sur pied, poursuit-il. Renard et Rossini sont encore cultivées aujourd’hui dans la région. Mais les nouvelles obtentions, apparues en 2013, Ramses et Rocca notamment, offrent désormais des potentiels que je juge supérieurs aux variétés double zéro. Malheureusement, nous avons perdu le caractère précoce. Nous ne pouvons pas tout avoir. Cela donne des plantes à fort gabarit, dont le suivi doit être rigoureux. Je ne vise pas plus de 25 à 30 pieds au m². Nous moissonnons ces nouvelles variétés normalement mi-juillet, parfois même après les blés. »
Laisser passer six ans
Herbicide après semis, surveillance, des altises à l’automne, des maladies, ainsi que des charançons et des méligèthes au printemps… « L’itinéraire technique du colza érucique est le même que celui d’un colza normal, indique le producteur. De mon côté, je travaille le plus souvent après un labour, sauf dans les parcelles où il y a une forte présence de vulpin. Je pilote la fertilisation azotée avec Farmstar, avec un objectif de rendement moyen de 45 q/ha et je suis équipé pour moduler l’épandage. Dans ma rotation, j’essaye d’espacer les cultures de colza d’au moins six ans. Huit ans, c’est le top. »
Depuis la réforme du secteur betteravier en 2006, Stéphane n’a plus de betteraves dans son assolement. Ses têtes de rotation sont le colza, le pois et le lin. Entre elles, il intercale un blé, voire deux. « Je ne sème plus d’orge, car je suis multiplicateur de semences de blé, explique l’agriculteur. Je dois apporter une très grande attention à la propreté de ces cultures porte-graine, à un moment où il faudrait suivre la récolte des orges. De plus, il y aurait les repousses à gérer ! »
Fécondations croisées
Au démarrage de la filière Pollen, le colza érucique a été implanté auprès de producteurs qui n’avaient jamais cultivé de colza ou presque. « Nous accordions alors une très grande importance à la pureté variétale. Nous avions très peur des fécondations croisées et voulions éviter au maximum les repousses », se rappelle Stéphane Prévost.
L’isolement des variétés en culture a été réalisé par grandes zones, où les producteurs ne cultivaient que ces variétés. Aujourd’hui encore, ils essaient d’isoler au maximum les variétés éruciques des autres, pour éviter les phénomènes de contamination et ils ont conservé cette stratégie de zone dédiée. « Cependant, nous nous sommes rendu compte, avec le temps, que s’il fallait évidemment éviter au maximum les fécondations croisées, celles-ci n’étaient pas rédhibitoires sur la teneur en acide érucique, affirme Stéphane. En revanche, il est impératif de récolter le colza à sa pleine maturité, sans quoi les teneurs en acide érucique décrochent. »
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